- Il ne peut pas remplacer une aide vétérinaire professionnelle.
L’éducation d’un chien de refuge est un défi aussi unique que chaque chien, mais cela peut aussi être gratifiant et vous permettre de développer un lien incroyablement fort. Il est normal de se poser des questions et d’avoir des doutes. Mais avec de la constance et beaucoup de patience, l’éducation d’un chien de refuge est une épreuve que beaucoup de propriétaires d’animaux sont parfaitement prêts à surmonter. Et quels en sont les avantages ? Rien de moins que l’opportunité de se faire un ami fidèle et de vivre d’innombrables nouvelles aventures.
Nous nous sommes entretenus avec les vétérinaires Kathryn Dench, membre du Royal College of Veterinary Surgeons, et Sabrina Kong, ainsi qu’avec Alexandra Bassett, éducatrice canine certifiée, qui accompagne les propriétaires de chiens de refuge depuis des années. Grâce à leurs conseils, nous vous expliquons comment éduquer votre nouvel ami et créer des liens avec lui.
Chien de refuge : à quoi s’attendre au début
Il est normal qu’un chien de refuge agisse différemment en arrivant chez vous. Il est également normal que son comportement évolue au fil des semaines, à mesure que vous apprenez à le connaître. En effet, la plupart des chiens de refuge ont besoin d’au moins trois mois avant de se sentir à l’aise dans leur environnement et de réellement commencer à vous faire confiance.
Voilà pourquoi de nombreux experts utilisent la règle du 3/3/3 lorsqu’ils guident de nouveaux propriétaires dans le cadre d’une adoption. Les trois premiers jours sont consacrés à l’adaptation. Les trois premières semaines sont consacrées à l’éducation de base et à la création de liens. Et les trois premiers mois sont dédiés à un approfondissement de l’entraînement, de la socialisation et de la création de liens.
Les trois premiers jours : adaptation
Voici les points à aborder lors des trois premiers jours :
- Apprenez à votre chien son nom.
- Établissez les horaires de repas, de promenade et de pauses pipi.
- Offrez-lui beaucoup d’espace.
- Présentez-lui lentement de nouvelles personnes, de nouveaux animaux domestiques ou de nouvelles expériences.
Les premiers jours avec un chien de refuge offrent à la fois des opportunités et des défis. En général, les propriétaires s’attendent à ce que le comportement de leur chien reflète l’environnement dans lequel il a vécu. La Dre Kathryn Dench, conseillère vétérinaire en chef chez Paw Origins, note qu’environ 60 % des chiens de refuge ressentiront de l’anxiété dans leur nouvel environnement.
Cette anxiété peut se manifester de différentes manières lors des premiers jours. Attendez-vous à ce que votre chien soit timide, anxieux ou surexcité. Sa vraie personnalité ne se manifestera peut-être pas tout de suite.
Si vous comptez lui donner un nouveau nom, c’est le moment de commencer à lui enseigner. Selon la Dre Sabrina Kong, vétérinaire et experte chez We Love Doodles, l’apprentissage d’un nouveau nom peut aider à renforcer une bonne communication. Si votre chien connaît son ancien nom et y réagit positivement, vous pouvez envisager de le conserver.
La Dre Kong recommande d’établir dès le départ une routine comprenant les repas, les promenades et les pauses pipi. Donnez de l’espace à votre nouveau compagnon et présentez-lui progressivement de nouvelles personnes, expériences et de nouveaux animaux. Cela lui permettra d’être sur la bonne voie pour apprendre la confiance et renforcer son assurance.
iStock/aerogondo
Les trois premières semaines : éducation de base et création de liens
Voici les aspects à travailler lors des trois premières semaines :
- Apprentissage de la marche en laisse détendue
- Apprentissage de la cage
- Apprentissage de la propreté
- Renforcement des règles de la maison et redirection des comportements indésirables
- Renforcement positif
En général, un chien de refuge commence à trouver son rythme autour de la troisième semaine. Il doit commencer à révéler sa vraie personnalité et ses excentricités adorables. C’est à ce moment que vous pouvez réellement apprendre à faire sa connaissance.
Les chiens ayant vécu des traumatismes peuvent prendre plus de temps à s’habituer à leur nouvel environnement, alors que les chiens plus assurés se sentiront chez eux plus tôt. Ils peuvent commencer à anticiper des activités régulières, comme la routine des repas, des sorties et du repos.
Vous pouvez également observer certains facteurs de stress que votre animal a rencontré dans son passé. Selon la Dre Kong, ils peuvent se manifester sous la forme d’angoisse de séparation, de protection des ressources et de difficultés dans l’apprentissage des règles de la maison. Alexandra Bassett explique que l’apprentissage de comportements associés à l’angoisse de séparation peut prendre des semaines, voire des mois. La patience est donc essentielle.
Au cours des trois premières semaines, les propriétaires doivent se concentrer sur l’éducation de base, nécessaire pour la sécurité et la qualité de vie, comme les comportements sociaux, la marche en laisse, l’apprentissage de la niche et l’apprentissage de la propreté. Vous devrez également mettre en place des attentes et des limites pour un exercice et des jeux en toute sécurité.
Soyez cohérent quant aux règles du foyer et n’autorisez pas votre chien à faire des choses que vous lui interdirez plus tard. Comme le souligne la Dre Kong, la constance est essentielle pour aider votre chien à comprendre sa nouvelle routine et à se sentir à l’aise dans son nouvel environnement. Établissez des limites claires et cohérentes et utilisez le renforcement positif pour les comportements souhaités.
Alexandra Bassett, éducatrice et comportementaliste canine certifiée, conseille aux propriétaires de ne pas paniquer si la création des liens ne se fait pas tout de suite. Cela demande du temps.
Les trois premiers mois : approfondissement de l’entraînement, de la socialisation et de la création de liens
Voici les aspects à aborder lors des trois premiers mois :
- Commencez à introduire de nouveaux endroits, environnements et de nouvelles personnes.
- Enseignez des compétences plus poussées.
- Jouez à des jeux d’enrichissement.
- Maintenez des règles cohérentes.
À la fin du troisième mois, votre chien devrait être sur la bonne voie pour vivre sa meilleure vie. Il devrait clairement comprendre les limites acceptables et savoir à quoi s’attendre au cours de la journée. Vous pourrez remarquer que les petits changements au cours de la journée, comme la rencontre d’un nouvel humain, une promenade en voiture ou le fait de rester à la maison dans sa caisse ne le rendent pas anxieux et ne le poussent pas à faire des bêtises. C’est parce que votre chien a commencé à développer la confiance dont il a besoin pour se sentir bien chez lui.
Au cours des trois premiers mois, vous pouvez introduire de nouvelles situations sociales et approfondir le dressage. La maîtrise de la vie sociale augmentera le nombre d’aventures que vous vivrez avec votre chien et renforcera votre lien. Essayez de partir en randonnée, de faire des courses dans des espaces autorisés aux chiens, ou de rendre visite à vos amis ou à votre famille.
Apprenez-lui des tours tels qu’« assis », « pas bouger » ou « lâche », et des jeux d’enrichissement comme « cherche ». Cela pourra vous aider à créer un lien encore plus fort avec votre chien.
iStock/K_Thalhofer
Par où commencer ?
Tous les chiens, peu importe leur âge, ont besoin de connaître les bonnes manières pour pouvoir s’épanouir. Cela inclut l’apprentissage de la propreté, de la cage, la socialisation et la marche en laisse. Tous les aspects de l’éducation vous permettront d’établir la communication et un lien avec votre chien.
Voici les bases auxquelles vous devez donner la priorité.
Apprendre la propreté à un chien de refuge
Même les chiens de refuge plus âgés peuvent avoir besoin d’un rappel sur l’apprentissage de la propreté. Alexandra Bassett note que les propriétaires d’animaux doivent s’attendre à ce que ce processus prenne entre six et douze semaines. L’apprentissage de la propreté repose sur la constance et la patience. Augmentez vos chances de réussite en planifiant les horaires des pauses pipi en fonction des horaires des repas et de l’exercice.
- Envisagez de confiner en toute sécurité votre chien dans un espace comportant une barrière pour chiens, un parc ou une cage lorsqu’il ne peut pas être surveillé. Si vous utilisez une cage, sa taille est importante : les chiens qui ont une cage assez spacieuse (dans leur tête) pour y dormir et y faire leurs besoins sont plus susceptibles de faire leurs besoins dans la cage.
- Suivez des horaires réguliers et prévisibles pour les repas et l’exercice en extérieur.
- Félicitez avec enthousiasme les bons comportements, tout en évitant de réagir négativement face aux incidents.
- En cas de doute, demandez de l’aide pour que le dressage soit une expérience positive pour vous et votre chien.
Apprendre à un chien de refuge à rester en cage
L’entraînement à rester en cage peut établir un espace sûr et paisible pour votre chien dans sa nouvelle maison. Cela dit, la cage n’est pas faite pour tous les chiens de refuge. Si votre compagnon montre des signes d’angoisse dans un espace confiné (tremblements, agressivité, tentatives de fuite pouvant le blesser), envisagez de faire appel à un professionnel ou essayez d’autres méthodes de confinement le mettant plus à l’aise.
Pour entraîner un chien de refuge à rester en cage, commencez par les étapes suivantes :
- Placez la cage de votre chien dans un espace silencieux éloigné des va-et-vient, mais suffisamment proche pour qu’il sente votre présence. Cela l’aide à comprendre que sa cage est un endroit sûr où se reposer.
- Utilisez une cage assez grande pour que votre chien puisse y être debout et se retourner dedans, mais pas grande au point qu’il la considère comme un espace de jeu (ou de pauses pipi).
- Commencez par laisser votre chien sous surveillance dans la cage pendant de courtes périodes. De nombreux propriétaires d’animaux établissent de bonnes habitudes en matière de pauses pipi en proposant à leur animal d’aller dehors avant et après être allé dans sa cage.
- Assurez-vous que votre chien n’ait ni faim, ni soif avant de le mettre en cage.
- Si vous avez adopté deux chiens de refuge, vous pouvez envisager de les placer à deux dans une seule cage assez grande. Cela peut diminuer leur angoisse.
Socialiser un chien de refuge
Il est important d’entraîner un chien à bien se comporter dans des situations sociales, pour sa sécurité et sa qualité de vie. L’entraînement à la socialisation comprend la rencontre avec des humains et d’autres animaux domestiques, le respect des règles du foyer et le comportement autour de la nourriture.
La Dre Kong souligne que la constance et la patience sont essentielles pour tous ces aspects, notamment avec un chien de refuge. Les mauvais comportements peuvent s’enraciner et être plus difficiles à régler.
En comprenant l’ancien environnement social de votre chien, vous pouvez lui élaborer le bon entraînement à la socialisation et anticiper les pièges. Mais, pour réussir, vous n’avez pas forcément besoin de savoir exactement d’où il vient. Voici quelques bonnes règles de base pour démarrer l’entraînement à la socialisation :
- Établissez et respectez les règles dès le premier jour, et faites preuve de patience envers votre chien.
- Prenez note des problèmes qui nécessiteront des stratégies de résolution spécialisées. Il peut s’agir d’un chien agressif autour de la nourriture, d’un chien angoissé lorsqu’il rencontre de nouvelles personnes ou d’un chien surexcité dans des situations sociales.
- Élaborez un plan d’entraînement pour aborder les difficultés, et jusqu’à ce que votre chien les maîtrise, évitez les situations pouvant conduire à une régression.
Apprendre la marche en laisse à un chien de refuge
L’entraînement à marcher en laisse est une activité extrêmement importante pour tous les chiens de refuge. Elle est fondamentale pour passer du temps en toute sécurité en plein air. De plus, les propriétaires qui peuvent promener leur chien en laisse en toute confiance se voient offrir tout un monde d’expériences, d’opportunités de renforcement des liens et d’exercice.
Certains chiens de refuge n’ont jamais été en laisse et trouveront ce concept étrange. Voici quelques conseils pour bien débuter :
- Introduisez la laisse progressivement et accompagnez-la de friandises.
- Commencez par de courtes excursions dans des endroits calmes.
- Gardez l’attention de votre chien en l’appelant de temps en temps et en lui proposant des friandises.
- Adoptez une bonne forme de marche. Gardez votre chien à vos côtés, empêchez-le de tirer sur la laisse et laissez-le suivre vos signaux pour bouger.
- Utilisez une laisse et un collier confortables pour vous et votre chien. Les bonnes laisses de dressage sont courtes (non extensibles) et fabriquées à partir de cuir ou de nylon. Un harnais peut répartir la pression sur l’ensemble du corps de l’animal et vous donner un meilleur contrôle.
- La pratique, la pratique, la pratique ! Récompensez les bons comportements en félicitant votre chien et en lui donnant des friandises.
- Si votre chien devient frustré ou est trop facilement distrait, terminez la séance d’entraînement sur une note positive. Donnez-lui l’opportunité de jouer. Cela lui permettra de comprendre que le dressage est amusant et gratifiant.
iStock/Jan Rozehnal
Problèmes de dressage courants chez les chiens de refuge
Comme peuvent s’y attendre la plupart des propriétaires de chiens de refuge, l’éducation n’est pas toujours facile. Les chiens de refuge viennent d’une variété d’horizons qui peuvent rendre chaque adoption complexe à sa façon. Voici quelques problèmes courants chez les chiens de refuge, ainsi que les signes à repérer et comment les régler.
Difficultés à créer des liens
Les difficultés à créer des liens peuvent être différentes pour chaque personne et chaque chien. En général, elles se caractérisent par des sentiments de frustration ou de confusion de part et d’autre. Vous pourriez être déçu de ne pas pouvoir faire les activités que vous aviez prévues avec votre nouveau chien, comme vous reposer sur le canapé ou jouer à la balle pendant longtemps.
Si vous avez du mal à créer un lien avec votre chien, ne paniquez pas. Certains chiens prennent plus de temps à s’ouvrir que d’autres, surtout s’ils ont vécu des traumatismes. Pendant que vous apprenez à vous connaître, envisagez de mettre en pause les entraînements les plus complexes. Après tout, si l’un d’entre vous ou les deux est régulièrement frustré, il peut être difficile de créer un lien.
À la place, concentrez-vous sur des activités que vous aimez tous les deux, et trouvez des manières amusantes d’intégrer le dressage aux moments de jeu. Cela peut vouloir dire transformer l’entraînement à la cage en jeu avec des jeux pour cage ou enseigner l’ordre « lâche » progressivement avec un jouet en corde. Donnez la priorité à l’amusement, et le reste suivra.
Peur et agressivité
Un chien de refuge craintif peut grogner et tenter de mordre, faire de la protection de ressources, éviter le contact ou se livrer à des comportements destructeurs. Il peut également avoir des difficultés pour bien se comporter dans la maison.Si votre compagnon à quatre pattes fait preuve d’agressivité ou de peur dans certaines situations, efforcez-vous d’abord de l’amener dans un endroit sûr pour le calmer. Commencez par ralentir le rythme de présentation de nouvelles personnes et expériences, et offrez à votre chien des « bretelles de sortie ». Cela signifie rediriger avec des distractions positives et récompenser les bons comportements.
Si vous ou votre chien vous sentez régulièrement dépassé, n’hésitez pas à faire appel à un professionnel.
Réactions négatives au dressage
Tous les chiens de refuge arriveront dans leur nouveau foyer avec leurs expériences passées. Parfois, cela est synonyme de frustration pour certaines activités, comme l’apprentissage de la laisse ou de la cage.
Si votre chien réagit négativement, ralentissez l’entraînement et redirigez son attention vers quelque chose de positif pendant votre séance de dressage. Cela peut être aussi simple que de lui offrir une friandise ou son jouet favori. Si votre chien de refuge commence à associer sa laisse à une friandise, par exemple, cela l’aidera à surmonter les associations négatives.
Ne forcez jamais votre chien à faire quelque chose dont il a peur, et n’hésitez pas à revenir à la case départ. Cela peut signifier laisser la laisse sur le sol et y placer des friandises jusqu’à ce que votre chien soit à l’aise. Vous pouvez ensuite l’accrocher ou la décrocher de son collier pendant qu’il est distrait par les récompenses. Les petits pas sont la clé.
Comportement indésirable constant
Si votre chien continue à manifester un comportement indésirable malgré des efforts d’entraînement constants, vous devrez peut-être tenter une nouvelle approche. Par exemple, si l’apprentissage de la propreté demeure difficile, essayez de changer son environnement. Surveillez votre chien de près pour l’attraper avant qu’il n’ait un accident, puis offrez-lui des récompenses en cas de réussite.
Comportement de protection
La protection de ressources, notamment de nourriture, peut être courante chez les chiens qui ont dû se battre pour la nourriture par le passé. Si votre chien protège sa nourriture, la Dre Kong conseille de tester une approche d’« échange ». Cette technique, qui renforce la confiance, consiste à offrir à votre chien quelque chose de plus attrayant que sa gamelle de nourriture, puis à lui donner lorsqu’il délaisse sa gamelle pour la nouvelle friandise.
Quand faire appel à un professionnel
Parfois, les traumatismes du passé continuent d’influencer les réactions d’un chien dans son nouvel environnement. La Dre Kong recommande de consulter un éducateur ou comportementaliste professionnel dans ce type de situation. Si votre chien ne progresse pas comme vous l’aviez espéré, de nombreuses ressources s’offrent à vous, notamment les éducateurs professionnels, l’assistance au dressage en ligne et les conseils vétérinaires.
De nombreuses communautés proposent des cours spécialement conçus pour les chiens de refuge et qui se concentrent sur la socialisation et les signaux de base. Demandez de l’aide tôt pour éviter que les comportements problématiques ne s’enracinent, et sachez que des personnes sont là pour vous aider : vous n’êtes pas seul.